Entretien exclusif avec Walid Soltan Midani, fondateur de Digital Mania

Le monde des hautes technologies nous réserve bien des surprises. Si la création de jeux vidéo est une affaire de grands éditeurs tels que Ubisoft, EA Games ou encore Eidos Interactive, elle n’est cependant pas totalement absente en Tunisie. Actus.tn est parti à la rencontre d’un jeune entrepreneur et créateur de jeux vidéo tunisiens (oui, tout à fait) : Walid Sultan Midani, patron de la Start-up Digital Mania. Le point.

Depuis quelques années, le paysage des jeux vidéo a connu de nombreux changements avec, notamment, l’introduction de nouvelles plateformes : les réseaux sociaux et les terminaux nomades ultra-puissants.

Ces changements, pour le moins radicaux, ont permis à des petites start-ups de gagner du terrain et même de se hisser au sommet de la pyramide des jeux les plus populaires à travers la planète, détrônant les plus grands noms de l’industrie. Zynga (FarmVille, …), Rovio (Angry Birds, …) et Imangi Studios (Temple Run, …) en sont les parfaits exemples.

En Tunisie, malgré le grand succès des jeux vidéos parmi les jeunes (et les moins jeunes), cette industrie a du mal à décoller et reste limitée à la vente (sans compter qu’il s’agit, la plupart du temps, de copies illégales).

Cependant, ces dernières années, la situation a commencé à s’améliorer, avec, notamment, l’apparition de studios de développement de jeux vidéo. Parmi eux, DigitalMania, une start-up qui tente de se faire une place parmi les géants du secteur. La dernière création de la start-up n’est autre que Defendoor, accessible sur Facebook, lancé le 12 décembre dernier.

L’équipe d’Actus.tn a rencontré pour vous le fondateur et dirigeant de DigitalMania, Walid Soltan Midani.

Digital Mania : la genèse d’une start-up 100% tunisienne

Passionné par le monde des hautes technologies, Walid Sultan Midani a grandi dans une famille baignant dans le High Tech et portait depuis son plus jeune âge un intérêt particulier à cet univers. Un engouement stimulé par le boom du numérique qui a caractérisé les années 80.

La passion de Walid pour les nouvelles technologies s’amplifie au fil des années et conduit le futur entrepreneur à intégrer la première promotion du cycle d’ingénieur informatique à l’École Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologie (ESPRIT) en 2003. Un fait marquant signant le début de l’aventure de Walid Sultan Midani.

En 2008, après diverses expériences vécues dans le domaine de l’événementiel (organisation de la première coupe de jeux vidéo en Tunisie en 2005, ou encore la participation à celle du championnat du monde des jeux vidéos à Paris et en Californie), l’idée de créer sa propre boîte de développement de jeux vidéo commence à effleurer Walid Sultan Midani. “Une idée de fou”, nous confie le jeune entrepreneur, non sans humour.

Commence alors un véritable parcours du combattant pour le recrutement. Seulement voilà : personne n’avait foi en son projet. Loin de baisser les bras, le numéro un de Digital Mania s’accroche bec et ongles à son rêve, et finit par former son équipe de choc : six personnes à la fois motivées et passionnées.

Leur toute première création fut un “serious game”. Le but était de mettre en pratique leurs connaissances en matière de développement de jeux vidéo et de les perfectionner. Le temps passait et l’idée d’une boîte 100% tunisienne de video-games devenait plus réelle que jamais. C’est en octobre 2011 que Digital Mania, la première Start-up de développement de jeux vidéo en Tunisie, a enfin vu le jour !

Digital Mania : ce qu’il faut retenir de l’interview de Walid Sultan Midani

Digital Mania est une start-up tunisienne qui évolue aussi bien sur le plan national qu’international. Découvrons ensemble l’essentiel de l’entretien qui nous a été accordé par Walid Sultan Midani.

Parlez-nous de votre expérience Microsoft

Notre partenariat avec Microsoft nous a donné l’opportunité de profiter du large réseau professionnel du géant américain, ainsi que de son savoir faire. De fait, notre équipe a eu la chance de suivre des formations qui lui ont permis de perfectionner ses connaissances, aussi bien sur le plan technique que “managérial”. Nous avons intégré, en 2012, le programme BizSpark de Microsoft qui vise à promouvoir les start-ups à travers le monde.

Le mois de novembre 2012 a été particulièrement riche en bonnes nouvelles pour Digital Mania vu que nous avons remporté les prix du “Best Performing Startup” de Microsoft et celui du “Maghreb Startup Initiative” de la fondation Education for Employment.

Ceci nous a permis d’ouvrir notre capital au financement étranger. Actuellement, nous sommes en train d’intégrer de nouveaux partenaires, ce qui nous permettra de franchir le pas vers la mondialisation, car notre but est de conquérir le marché international.

Et pour le marché tunisien ?

La Tunisie est notre « Love Market », car, à l’échelle mondiale, le marché local représente une partie infinitésimale. Les tunisiens profiteront ainsi d’un traitement privilégié de notre part. Par exemple, un jeu qui sera vendu à 5 € sur le marché international ne coûtera que 5 dinars pour nos compatriotes : c’est deux fois moins cher ! Mieux encore, notre prochain jeu qui sortira sur la Xbox sera disponible gratuitement en Tunisie et donnera accès aux parties en ligne.

En ce qui concerne vos jeux en ligne, comme Defendoor, vous proposez l’achat de « virtual goods » tels qu’un nouveau personnage ou une nouvelle arme, comment est-ce que les tunisiens peuvent payer leurs achats ?

Pour le moment, seules les cartes bancaires sont acceptées pour ce genre de micro-payement. Les solutions e-dinars et m-dinars sont techniquement implémentées et elles seront lancées commercialement très prochainement. Nous pensons que le “business model” du freemium est le plus adapté pour le marché tunisien où il est inconcevable de faire payer les games 60 €, ce qui équivaut environ à 120 dinars pour un jeu ! Dans le cas de Defendoor, par exemple, les joueurs ont la possibilité d’acheter de nouvelles armes et de nouveaux personnages moyennant des sommes qui varient entre 500 et les 1000 millimes… moins cher qu’un café !

Quels sont vos prochains projets ?

Pour le moment, nous travaillons sur des éditions pour mobiles et pour SmartTV de Defendoor, ainsi que la mouture 1.2 pour la version Facebook lancée le 12 décembre dernier. Nous sommes également en train de préparer un nouveau projet : le jeu Sel3a pour Xbox. Il s’agit d’une ancienne idée que nous avons remis à l’ordre du jour.

Au lancement de Sel3a, le malfaiteur était censé avoir comme hobby de couper la connexion Internet de ses concitoyens. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : Sel3a est maintenant un aventurier qui entame un voyage à travers le monde. Son point de départ n’est autre que le centre ville de Tunis d’où il progresse vers Rome, clandestinement, bien évidemment. Nous tenons à ce que le jeu soit aussi simple que possible : pour avancer dans le jeu et utiliser le ballon de Sel3a, son unique arme, seulement deux boutons seront nécessaires.

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