Exclusif : interview avec Faten Attig Bahar, écrivain pour enfants

published on Nov 18, 2013

Comme à son habitude, Actus.tn à décidé de mettre en lumière un jeune talent tunisien. Aujourd’hui, nous vous présentons une interview exclusive de Faten Attig Bahar, écrivain pour enfants qui a su se démarquer malgré son jeune âge.

Nous avons rencontré Faten lors de la dernière édition de la Foire Internatinale du Livre du Kram. Elle y présentait sa toute nouvelle collection de contes pour enfants composée de 8 titres et qui a eu de bons échos parmi les spécialistes de la littérature enfantine. Un signe très encourageant pour Faten qui était parmi les plus jeunes participants à cette édition de la foire.

Qui est Faten Attig Bahar ?

Primée par l’Administration Générale de la Lecture Publique Tunisienne meilleure écrivain pour l’enfance 3 années consécutives (en 2003, en 2004 et en 2005), Faten fut invitée en 2007 au Salon du Livre et de Presse Jeunesse de Montreuil pour présenter ses 5 premiers contes.

En plus de sa carrière d’écrivain, Faten poursuit son mastère d’ingénieure à l’Insat de Tunis.

Faten Attig Bahar nous a donc accordé une interview exclusive à l’occasion de la parution de sa nouvelle collection de contes.

Écrire pour les enfants, comment tout a commencé ?

J’ai commencé à écrire dès l’âge de 12 ans. À l’époque, j’étais membre du club de théâtre du collège La Goulette Casino et j’ai commencé à écrire régulièrement les pièces que nous jouions.

J’ai ensuite décidé de participer au Concours National de Littérature pour Enfants qu’organise chaque année l’Administration Générale de la Lecture Publique (AGLP) et j’ai ainsi réussi à décrocher 3 prix nationaux en 2003, 2004 et 2005.

Mme Chrifa Smaoui, qui était directrice de l’AGLP, a eu l’idée de former un groupe constitué des lauréats de ce concours. J’ai donc été sélectionnée pour faire partie de cette équipe qui a eu la chance d’être encadrée par de grands noms de la scène littéraire et artistique tunisienne, tels que Nefla Dh’hab, Adel Mejbri, Taoues El Hajji, Hasna Hamzéoui, Mohamed Guiga et al.

J’ai participé avec cette équipe au projet FSP (2006 – 2008) organisé en partenariat entre le ministère de la Culture et l’ambassade de France à Tunis. C’est au cours de ce projet que j’ai sorti mes 5 premiers livres que j’ai eu la chance de présenter au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil.

Pourquoi écrire pour les enfants en particulier ?

J’aime les enfants et je pense que j’ai toujours une âme d’enfant. « Children of today are the promises of tomorrow », c’est pourquoi j’ai toujours cru qu’écrire pour les enfants était un devoir pour moi, surtout après les longues années que j’ai passé à améliorer mes connaissances en la matière. C’est une responsabilité.

La nouvelle génération, celle de Facebook et de Snapchat, semble abandonner les livres et ne s’intéresse plus à la lecture. Tes travaux abordent-ils à cette problématique ?

C’est peut être l’avantage que j’ai par rapport à de nombreux autres écrivains : je fais partie de cette génération hyper-connectée. J’essaie donc de m’adresser, à travers mes livres, aux problématiques des enfants du XXIème siècle.

Mes personnages, par exemple, sont, dans la plupart des cas, des enfants qui partagent le même cadre spatio-temporel que le lecteur mais aussi qui décident du cours des événements. Je veux apprendre aux enfants à être non seulement actifs, mais également, créatifs.

Je pense que cette génération mérite plus que des histoires de fées, de dragons et de princesses car la vie est beaucoup plus compliquée qu’un combat entre le bien et le mal.

Je veux inciter les enfants à vivre !

Quels sont les spécificités du livre pour enfant selon toi ?

Tout d’abord, le langage utilisé doit être simple et accessible et il faut faire particulièrement attention aux règles orthographiques, grammaticales, etc.

L’intrigue doit attirer le jeune lecteur afin de l’inciter à continuer la lecture. Car si l’enfant s’ennuie, il délaisserait certainement le livre avant même de le terminer … et il y a de grands risques qu’il abandonne par la même occasion la lecture, purement et simplement.

Bien évidemment, les sujets abordés doivent aussi être choisis avec de grandes précautions. L’enfant n’est encore pas capable de tout comprendre.

Mais dans un livre, il n’y a pas que le texte : les illustrations jouent un grand rôle dans le succès d’un livre, surtout lorsque le public visé est composé d’enfants de 7 à 9 ans.

Pour ma dernière collection, par exemple, l’éditrice, l’illustrateur et moi avons travaillé pendant plus de 2 ans. Ce n’était pas un travail facile, mais ceci a été nécessaire pour atteindre un résultat satisfaisant.

Contrairement à ce que pourraient croire les lecteurs, tu as eu une formation scientifique. Être ingénieure a-t-il une influence sur ce que tu écris ?

Bien évidemment ! Mon amour pour les maths et ma formation scientifique m’ont appris à faire plus attention aux détails afin que mes textes soient cohérents et le plus « scientifiquement corrects » que possible.

Mais il faut faire très attention à ne pas laisser mon côté scientifique prendre le dessus sur l’écrivain qui est en moi. Car dans ce cas, il n’y aurait plus de place à l’imagination !

Je vous donne un exemple. Dans mon livre « Madinatou Al Dhya » (Ville des Lumières), j’ai fait parler les forces de la nature afin d’expliquer aux enfants l’importance de s’entraider. Certes, le Soleil ou le Vent ne parlent pas, mais les principes scientifiques que je décris ont été vérifiés afin de s’assurer de leur exactitude.

D’autres projets en vue dans un futur proche ?

Il y aura certainement d’autres collections et j’ai même commencé à travailler sur de nouvelles thématiques. Mais le projet sur lequel je me penche actuellement est celui de la traduction de cette collection (parue en arabe) en français, en anglais et en italien.

À mon avis, il est temps pour que le produit culturel tunisien trouve son chemin dans les marchés internationaux.

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